Langue de Vipère: Les carnets de la Commère

Hier je me suis offert une nouvelle robe...
Une robe superbe, enfin je trouve, une robe de princesse, rose et verte en soie, longue, magnifique...
Dans ma joie de la trouver, il y avait une petite part de faire bisquer ma Doudou chérie (ma fille ainée) qui est aussi folle de ce genre de robe pour moi...
Elle est géniale non?
J'imaginais déjà faire baver d'envie ma fille.
Je l'ai appelée pour lui raconter la belle robe, comme prévu, elle s'est mis à taler, quémander, mendier que je lui en achète une. Ce que bien sur je n'ai pas l'intention de faire...
Pour la faire enrager, je n'ai pas pu m'empècher de la prendre ne photo pour qu'elle voit en effet comme elle jolie....
Sauf, que les chiens ne font pas des chats, voilà sa réponse à mon e-mail:

"oui ellle est tres jolie, est justement comme je tiens pr la clope et ke c
tré tré dure tu vas me l'offrir! ou m'offrir une otre robe!et puis en plus
si je continue com ca je v devenir obese pck je fait ke manG, alrs la
perspective d'une belle robe peu m'empecher de grossir....
don voila!"

Bref me voilà "eue", bon j'imagine que je répondrais par une vacherie facile dans le genre lui renvoyer son mail corrigé...
Mais si elle la portait en effet ce sera dur pour moi de la remettre en général mes fringues lui vont tellement mieux avec son joli corps de 20 ans et sa taille fine de nullipare.... Là ce sera vraiment méchant mais pas ds le bon sens :(

Plaisir de dire des horreurs et plaisir de jurer comme un charetier:
Dire merde, bite, salope, connasse, enfoiré, enculé.... OUi je sais c'est idiot, mais ça défoule.
Chercher comment décrire encore plus bassement sa victime: "ce gros enculé, et encore il a du mal à trouver des volontaires"
"cette aspirante salope qui en fait n'est qu'une pétasse qui se la joue"
"crétinoïde décérébré" me plait aussi

L'endoit le plus plaisant pour jurer à son aise c'est incontestablement la voiture... Là enfermée dans son salon cocon, la clim et la musique, on envoie un grand sourire à la mamie qui se jette sous nos roue juste quand le feu passe au vert: "combien de points pour écraser une vieille?" ça c'est les jours gentils... Et la joie de réfléchir à s'il y a plus de gloire à écraser un enfant, une vieille ou un adulte dans la force de l'âge?

Une blague délicieuse:

Une famille en voiture: papa, maman, mémé, grande soeur, grand frère, petit frère
et d'un seul coup un passage piéton et hop ils fauchent une vielle qui traversait.
ils admirent le vol plané, l'atterissage, le bruit du corps éclaté lorsqu'il retombe.
"wah papa trop cool, encore,encore"
papa est tout fier de faire plaisir à sa petite famille
Un peu plus loin un jogger sur le bas coté, une embardée et splash écrase le jogger....
"waha papa tu es génial"
un peu plus loin, un gosse à vélo:
"magnifique tu es trop top mon petit papa"
puis les kilométres passent et plus rien.
Les gosses commencent à pleurnicher , "papa, on s'ennuie"
Mais pas un piéton dans le paysage... Alors papa s'arréte, il fait descendre mémé, la met au milieu de la route, l'embrasse...
"tu es sur chéri? " demande maman
"oh oui allez allez" disent les charmants bambins.
papa recule, accélère et splash la mémé....
Ils continue leur route au bout d'un moment les enfants recommencent
"allez papa, on s'ennuie"
un peu ennuyé papa résiste encore quelques kilomètres puis finit par céder.
Il fait descendre petit frère de la voiture, l'installe au milieu de la route,l'embrasse, recule, accelère et splash écrase petit frère...
A cet instant Grande soeur se met à pleurer, pleurer, inconsolable: "petit frère, p'tit frère
Maman la prend dans ses bras tout en jettant un oeil mauvais à son époux "ma chérie, tu es triste pour ton petit frère, c'est terrible je comprend moi aussi je suis triste"
la gamine hoquette et se remet à pleurer de plus belle: " petit frère, je n'ai pas bien vu!!!!!!!!!!!"

j'adore cette blague..........

J'aime être méchante, j'adore être méchante...

J'aime glisser une horreur au détour de la conversation... J'aime le hoquet de surprise, le "oh" un peu choqué et le regard désarçonné de l'interlocuteur qui ne sait plus trop si il a bien compris, et si tu as bien dit ce que tu as dit...
J'aime ce moment précieux, fragile, intangible où l'autre se demande qui tu es en fait.

Passer de l'accorte matrone chamante voire charmeuse et laisser apparaître un bref instant la commère mégère oprimée, enfouie sous les couches de politesse, d'éducation et du politiquement correct.

Pourquoi est-on censée être douce, souriante, et aussi insuportablement gentille et bien pensante? ou plutôt pourquoi moi m'y sens-je obligée.
Pourquoi de tout temps ai-je tenue à être une bonne personne?
Pourquoi aspire-t-on tous plus ou moins à ça?

Dans un monde idéal nous serions de jolies barbies barbantes et satisfaites de l'être. On travaille à s'en aprocher, à être mince, lisse, souriante, gentille: la bonne copine, la bonne épouse, la bonne mère, l'amie fidèle, la fille sur qui on peut compter.
Et quand on commence à se raprocher de ce modèle (au physique prèt, domage c'est ce que Barbie a de mieux), quelle jouissance de l'égratigner, de le laisser se craqueler...

Le plaisir dans une conversation sirupeuse de bons sentiments de lacher une méchanceté si vilaine qu'elle en est incongrue, comme un pêt dans un salon...

Dans la vie réelle, je n'aime pas être une harpie même si j'aime la laisser jaillir parfois.
Ici j'ai envie d'être méchante, sale, mal élevé, j'aimerais que ce soit mon potrait de Dorian Gray...

Encore que l'ami qui m'a conseillé de stocker mon fiel ici a peut-être ouvert une boite de pandore, aurais-je encore envie de redevenir gentille, de refermer la porte après m'être bien lachée...